vendredi 28 septembre 2007

Rentrée percutante en cinq actes

Vendredi (où devrais-je dire samedi matin) soir, 22 septembre, 2h22 AM. J'écris ces lignes, totalement épuisé, mais incapable de trouver le sommeil. J'ai vécu une semaine où le mot intensité consiste à un euphémisme pour la décrire en mots. Jamais je n'ai vécu une semaine aussi effrénée que celle qui vient de passer, ce fut un véritable raz-de-marée d'énergie nouvelle, qui correspondait au début de la nouvelle session d'automne de percussion à Samajam. Nouveaux cours, nouveaux rythmes, nouvelle expérience d'enseignement, et surtout, nouvelles rencontres. Un véritable vent d'air frais arrive avec l'automne, et il entre à pleine porte dans l'école. Voici donc un compte-rendu de ces cinq soirs qui ont passé en coup de vent.

Acte un - Lundi - Cours de danse et soli

Quoi de mieux que de commencer la semaine en lion avec un cours de danse africaine? Cela faisait plus de six mois maintenant que je n'avais pas joué pour la classe de Claudine Malard, et bon dieu que j'avais hâte de renouer avec cette formidable période de quatre-vingt dix minutes de pur trip musical. Et cette année, j'ai décidé de délaisser le djembé pour parfaire mon jeu au dundun. Et nous, les six étudiants qui formont le band, avons le grand honneur d'être dirigé cette session par nulle autre que Mélissa Lavergne. J'étais d'ailleurs bien content de la revoir ce soir-là.

Quel moment magnifique nous avons vécu tous ensembles. J'ai rarement vécu un moment musical aussi intense. Nous étions totalement connectés les uns les autres, la musique roulait sans aucun effort, sans aucune fausse note. Le fait de jouer, un seul et même noyau, depuis plusieurs sessions aide à acquérir de l'assurance, et ça paraît. L'énergie a atteint un nouveau sommet, et j'ai bien hâte de voir les prochaines semaines. Claudine, comme a son habitude, était vraiment en super forme. Je crois que tout le monde avait bien hâte de renouer avec ces lundis soirs de danse!

Porté par cette énergie enracinée, la soirée se poursuit avec le cours de Mélissa. Juste le fait de se retrouver à sept personnes seulement avec elle est un privilège et une chance unique. Le cours démarre sur les chapeaux de roues avec la révision du tutti, le cassé que l'on retrouve dans le soli rapide de Mamady. Exercice intense de mémorisation et parfait pour s'exercer avec les fameuses ghost notes entre chaque frappe. Le temps file à la vitesse de l'éclair, et la deuxième partie du cours se joue sur les dunduns, avec les trois accompagnements du soli. On goûte vraiment à l'univers des rythmes ternaires, et il faut bien savoir compter les temps. On ne voit pas celui de l'horloge par contre, et déjà, la soirée se termine.

Acte deux - Mardi - Cours Débutant 2

Le lendemain, c'est déjà le temps de passer en mode enseignement pour le premier cours des Débutant 2. Éric est aux commandes et je suis sur scène avec Cheick Anta. J'arrive plus tôt qu'à l'habitude, prenant le temps de bien placer mes instruments. Il y a de la fébrilité dans l'air juste à revoir des nouveaux visages et bien sûr, ceux qui sont déjà connus et que j'avais tellement hâte de retrouver. Une trentaine de gens se trouvent bientôt dans la grande salle, et je commence le réchauffement avec un kuku bien senti, et lorsqu'Éric entre dans la salle, l'atmosphère est déjà survoltée.

Le cours se déroule vraiment bien, les gens sont souriants, et je me déplace d'un bord à l'autre de la scène, tantôt au shaker, tantôt au djembé. Puis, je me faufile entre les gens pour leur montrer les positionnements des mains. Je suis dans mon élément, et cela fait un bien énorme. On enchaîne après avec le rythme de Pap N'Diaye de Côte d'Ivoire, et un autre cours se termine bien rapidement après un effort collectif admirable de la part des élèves.

Je profite de l'après-cours pour aller jaser avec des gens qui reviennent au bercail après une trop longue absence, et je constate vraiment à quel point tout ce beau monde m'avait manqué durant l'été. Après le premier acte de la veille, le deuxième est vraiment annonceur de belles soirées musicales!

Acte trois - Mercredi - Jam à 180

Enfin, le grand jour arrive, celui de la rentrée des «petits nouveaux». La journée est spendide, ensoleillée, et le parcours en métro pour se rendre à l'école semble beaucoup plus long qu'à l'habitude (à dire vrai, je pourrais même en faire un article tellement je trouve que prendre le métro vers les 17h30 est un vrai périple...À suivre). J'arrive quand même assez en avance à l'école pour souffler un peu. Déjà, on sent une atmosphère bien spéciale, et une file de gens attendent déjà devant la grande porte pour s'inscrire.

En entrant dans la grande salle, qui pour l'instant est vide de tout occupant, je constate que l'école n'a pas lésiné sur les moyens. 160 chaises sont cordées en rangées, avec un djembé devant chacune d'elle. Une caméra, nouvel ajout pour les cours, est monté au fond de la salle, avec le projecteur. Dans le couloir, une foule de nouveaux visages sur lesquels on peut lire mille et unes questions. Ils auront vite les réponses...

L'équipe d'animation s'est drôlement agrandie ce soir, car nous avons besoin du maximum de support provenant des élèves de niveaux plus avancés. Nous sommes une trentaine à s'entasser dans le petit local, djembé sortis, prêts à passer une soirée du tonnerre. Avec Cheick Anta et Gotta, nous pratiquons notre pièce du Safara question de se réchauffer et de faire grimper l'énergie en flèche. Puis, Louis vient nous retrouver et nous explique la petite mise en scène qui servira de coup d'envoi à une nouvelle session débutante.

19h05 arrive, et il est maintenant temps d'aller casser la barraque dans la grande salle. Les portes s'ouvrent, et aussitôt les murmures cessent, les regards se tournant vers nous. La salle est remplie à craquer et nous avons même de la difficulté à nous frayer un chemin jusqu'à la scène. Et il est encore plus difficile d'y trouver une place, avec nos tambours et nos instruments. Une vingtaine de personnes sur le stage, et bien, ça fait beaucoup de monde.

Nous nous installons tous dos à la foule. C'est assez étrange comme sensation de sentir autant de regards se fixer sur nous. Je me rappelle qu'à chaque fois, cet instant reste gravé dans ma mémoire. Car tous ces gens qui sont présents ici ce soir n'ont aucune idée à quel point cette soirée restera marquée dans leur existence, peu importe s'ils décident de poursuivre l'aventure des percussions ou non. Et à voir le nombre inégalé de personnes, soit 162, garanti que ce soir, il se passera quelque chose de grave!

Louis donne le signal à Cheick, et aussitôt, celui-ci se lance dans un roulement du tonnerre, et cela constitue en quelque sorte au lever du rideau. Puis, Sadio arrive du derrière de la salle et les deux Sénégalais se lancent des appels réponses au tambour. Je sens alors une décharge électrique le long de ma colonne vertébrale. Les deux font ensuite l'appel, et c'est le signal à moi, Nico et Christian de se retourner pour faire le Safara. Même si le tout n'est pas parfaitement au point, l'effet est canon, tout le monde apprécie vraiment le moment. Puis, Louis lance de nouveau un appel et nous lançons une charge à fond de train avec le kuku. Aussitôt, le mercure monte de quelques degrés.

Le reste du cours passe en coup de vent. Une formidable dose d'énergie, une bombe à 160 personnes. Il y a une chaleur étouffante dans le local, rendant ce dernier complètement tropical. Les gens crient, chantent, jouent de bon coeur. C'est une véritable célébration de la musique, et pourquoi pas, de la vie tout court. La synchronie entre les quelques 190 personnes présentes ce soir est parfaite. Même Luc Boivin, le directeur musical de l'école, n'en revient tout simplement pas. La session part définitivement sur des chapeaux de roues. Le cours se termine en une apothéose de bruit, de cris, de joie et d'adrénaline. Tellement intense que nous restons encore une dizaine de personnes, en cercle, à jammer pendant une heure sans baisser de régime. Je reviens chez moi complètement sonné par toute cette tornade. Ça fait tellement de bien!!

Acte quatre - Jeudi - Percussion en plein air "pur"

Moi qui pensait ne jamais être capable de m'endormir, et bien, j'ai eu tort, car aussitôt ma tête posée sur l'oreiller, je dormais déjà, l'adrénaline s'étant dissipée de mes veines d'un seul trait. Je me réveille le lendemain, un peu courbaturé d'avoir tant joué intensément hier, mais je m'en fiche. La journée est splendide, et ça tombe rudement bien, car c'est la journée sans voitures à Montréal. Enfin, le centre-ville est à nous! L'été semble ne pas vouloir quitter, et c'est tant mieux! Je file donc au coeur de Montréal pour constater de mes propres yeux à quel point il devrait y avoir des journées comme celle-là beaucoup plus souvent. Je m'esclaffe de rire devant les automobilistes criant un joli paquet de sacres sur René-Lévesque, incapables de tourner vers le nord. Puis je passe les clôtures, et je me surprends de marcher sur la rue Sainte-Catherine sans qu'il n'y ait un seul bruit de klaxon ni de moteur. Le bonheur.

Je regarde ma montre et je dois me dépêcher, car dans cinq minutes, le spectacle du midi aura lieu et deux de mes profs percussionnistes participent à l'événement: Sadio Cissokho et Mélissa Lavergne. Sadio joue avec son groupe africain Taafé Fanga alors que Mélissa joue avec le groupe de percussions Insolita. Je dois me rendre au Square Phillips pour pouvoir profiter du spectacle, et j'avoue que l'endroit est fichument bien choisi. Le soleil plombe au maximum et bien vite, je suis trempé. Je retrouve rapidement Éric, J-F et Karine, non sans avoir au préalable été saluer Sadio qui se prépare à jouer. Les Respectables sont les premiers à monter sur scène et ils interprètent trois de leurs chansons, et enfin, c'est au tour de Taafé Fanga de saluer le soleil avec leur musique africaine.

C'est toujours aussi bon, aussi savoureux, aussi agréable de les entendre. Ils y mettent toute la gomme, avec les duns, balafon, djembés, danse. Et sous le soleil, on ne peut pas demander mieux. Puis, Mélissa et son groupe Insolita montent sur scène pour interpréter deux numéros de percussion vraiment originaux. Le premier numéro met en scène quatre percussionnistes assis sur des cajòns, avec des seaux de peinture «Rona» en guise de tambour, qu'ils frappent avec des baguettes. Par contre, le deuxième numéro est vraiment spectaculaire. Installé chacun derrière quatre surdos, ils jouent une pièce où, à chaque contact de la baguette avec la peau, une énorme gerbe d'eau les éclabousse. Ajouter à cela leur costume plein de couleurs et de maquillage, vous avez là quelque chose qui atteint l'échelle de 10 quant à l'originalité. Nous partons à contrecoeur après leur prestation, alors que Les Respectables reviennent sur scène. Mais, mal nous en prit, car nous entendons bien vite un solo de djembé. Mélissa est de retour sur scène! Nous accourrons donc de nouveau au devant de la scène, et j'ai peine à croire que j'ai la chance de suivre les enseignements de cette musicienne au grand talent.

Soleil et chaleur obligent, je décide de faire l'école buissonnière, et je vais prendre une bière sur une terrasse avec Éric, goûtant au maximum aux derniers rayons de soleil de l'été.

Acte cinq - Ceinture orangée

Le lendemain soir, j'ai rendez-vous, en guide de conclusion à cette semaine complètement folle, à l'école pour faire passer l'examen des ceintures orange à sept candidats. J'arrive donc au local où ils sont déjà en train de pratiquer, et j'admire leur détermination. C'est un des aspects de mon nouveau travail qui me surprend et qui me tient vraiment à cœur. Être témoin de l'évolution de ces sept personnes est quelque chose de vraiment spécial. Ils en sont rendus à vouloir se dépasser dans cet exercice qui a tout pour décourager le commun des mortels, demandant patience, mémoire, gestion de stress et un certain talent technique.

L'examen se déroule rondement, et j'ai le plaisir de remettre six ceintures oranges aux heureux élus, ce qui fait une excellente moyenne. Le temps de savourer une dernière bière sur la terrasse, je retourne enfin chez moi pour profiter, pour une rarissime fois, à un week-end sans percussion!

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