mardi 19 juin 2007

Enflammer le Colisée

MISE À JOUR 19/06/07

Je remonte le billet afin d'y ajouter le vidéo carrément hal-lu-ci-nant de notre performance au Colisée. J'en ai des frissons juste à le regarder, c'est trop génial!! À voir ABSOLUMENT!


En ce dimanche après-midi, j'essaie de ramener mes deux pieds sur terre. Ma journée d'hier a été tellement intense que je suis encore sur l'adrénaline. J'entends encore dans mes oreilles la réaction de la foule suite à notre performance de rock&roll à l'état brut. C'est comme si tu deviens électrocuté...Ça tombe bien, puisqu'on jouait du AC/DC ;-) Le spectacle était l'événement corporatif annuel de la compagnie Dicom Express. Et ils n'y vont pas avec le dos de la cuiller, le show accotait les grands spectacles d'aréna!

La pratique

Tout commence vendredi, avec la pratique de Luc Boivin. J'ai beau avoir vécu plusieurs répétitions avec lui jusqu'à maintenant, chaque fois, c'est toujours spécial. Je me pince (non, je ne rêve pas...) car je suis en train de travailler avec le plus influent musicien du Québec au grand complet. Et cette fois-ci, c'est d'autant plus spécial car nous allons jouer avec son band, celui de Belle et Bum. Sur la scène du Colisée, à Québec. Devant 9000 personnes.

Mais, présentement, j'ai à peine le temps d'y penser. Luc, avec son laptop et sa console, nous explique le déroulement de la soirée. Dans un premier temps, nous serons une douzaine à parader depuis le derrière de la salle du Colisée pour s'amener sur scène, avec djembé et baguette. Nous serons accompagné de François Morency, l'animateur de la soirée. Ce dernier ira serrer des mains pour se frayer un chemin jusqu'à la scène. Puis, nous irons nous disposer en une ligne sur le bord, entrecalés entre des barils de métal de 45 gallons. Certains joueront du djembé, d'autres des gros barils. Le concept veut que François Morency joue de la basse pendant que nous allons jouer de la percussion avec le band.

Luc a toujours une façon simple de procéder à l'apprentissage d'une pièce musicale. Il suffit de découper la pièce en morceaux. Couplet/refrain/couplet/refrain/break/refrain/break/solo/finale. Même si notre contribution en notes musicales est somme toute simpliste, c'est beaucoup moins évident de le faire en suivant la pièce. Surtout que Back in Black est une pièce au tempo très lent, donc on est à des années-lumières de ce que nous sommes habitués à jouer en rythmique africaine.

Finalement, la pièce est rodée et Luc juge que nous sommes prêts pour le lendemain. Après, le reste du groupe vient nous rejoindre pour enregistrer les voix de Dicom qui seront amplifiées et décuplées par la suite à l'ordinateur pour être diffusé par les 100 000 watts de son du Colisée demain. Puis, c'est au tour de Louis de prendre la relève. Car à la fin de la soirée, nous refaisons un deuxième numéro, africain celui-là, avec enchaînement sur les tubes. Nous allons faire jouer un rythme à 9000 personnes, et ce, en 5 minutes. Grosse commande, mais rien n'est impossible pour notre gang. Déplacements, attribution des accompagnements, pratique de tubes...Mélangez le tout et faites répéter ça une dizaine de fois pour que ça rentre bien comme il faut dans la caboche. Nous terminons la répète à 11h15 du soir, et je retourne chez moi complètement crevé, sous les éclairs et la pluie tombant comme des cordes.

Sur la 20

Je me lève le lendemain vraiment reposé, fébrile, prêt à vivre des émotions fortes. Je ne suis pas le seul, puisque le métro est déjà bondé de monde à la station Concorde, gracieuseté du Grand Prix de Formule Un. J'arrive quand même à l'heure au local, où déjà la majorité des gens sont déjà là. Nous montons finalement dans le grand bus "coach" et je me sens comme une rock star en tournée.

Sur la route, je réécoute Back in Black sur le iPod, en tapant sur mes cuisses le pattern de rythmes que nous devons faire. Rien de mieux pour se crinquer et se mettre dans l'ambiance. Puis, je vais m'asseoir avec Éric et on décide d'apprendre les duns du soli et du soko, deux rythmes ternaires que nous sommes en train d'apprendre dans le cours de Mélissa. Si bien que le voyage sur la 20 passe en un clin d'oeil, et je constate que le Colisée apparaît à notre droite, et le bus va se stationner devant l'entrée des artistes.

Opération débarquement! La température est magnifique, mais je ne peux malheureusement pas en profiter vraiment. Nous pénétrons dans l'aréna, puis dans un dédale de couloirs, nous arrivons à notre loge où nous pouvons prendre un bon quinze minutes pour se détendre avant d'entamer la répétition.

Répétez après moi

Nous avons 30 minutes pour effectuer notre générale. Concrètement, ça veut dire effectuer les déplacements à partir de l'arrière de l'amphithéâtre, installer les micros sur les djembés, refaire tout ce qui a été conçu et rejouer au local à Montréal la veille. On commence, en compagnie de Luc Boivin et du régisseur de scène, à exécuter le numéro de Back in Black. Et tout comme au Centre Bell, il faut faire abstraction d'un facteur absolument désagréable: la réverbération. C'est tellement écho qu'on doit ralentir au maximum la cadence pour être au même tempo que Tony, batteur de Belle et Bum, qui prend plaisir à jouer de sa batterie.

Luc Boivin dirige tout de main de maître. Chaque fausse note est corrigée, chaque déplacement analysé, chaque seconde du morceau musical décortiqué. Rien ne doit être laissé au hasard. Et pendant ce temps, je sens l'adrénaline monter encore une fois en scrutant des yeux l'immensité de la salle en demi-lune vide devant moi, qui dans quelques heures sera pleine à craquer. Peu après, nous retournons rejoindre les autres à l'arrière de la salle, là où normalement la ressurfaceuse (oui, ce mot existe et devrait être utilisé à la place de Zamboni) entre sur la glace lors des matches des Remparts. Puis nous répétons le numéro final de la soirée avec Louis, soit le numéro africain du kuku suivi des tubes. Et à ce moment, c'est le rush total car nous devons quitter la scène en trombe, les techniciens devant faire les derniers préparatifs.

Standby!

Notre deuxième période de pause commence alors avec un bon souper dans les "coulisses" du Colisée. Au menu, du poulet avec légumes et tarte aux sucres. À côté de nous, les cuisiniers et une équipe de jeunes bénévoles s'affairent comme des fourmis à servir les centaines de convives qui sont attablés sur le parterre. J'en profite alors pour aller jeter un oeil à la salle. Toujours un moment bien spécial que de contempler une salle d'aréna, surtout quand tu sais que ce sera toi qui sera sous les feux des projecteurs dans à peine une heure. Les éclairages sont vraiment incroyables, tout est en place pour donner un show incroyable.

De retour à notre loge, je me regroupe avec Louis, Nicola, ainsi que quelques autres personnes pour faire un petit jam sur le yankadi et la rumba, question de se mettre dans l'ambiance. Et en effet, ça ne prend vraiment pas beaucoup de temps avant que tout notre beau monde soit en mode festif. Oh oui, on a très hâte de fouler la scène.

En coulisses

Michelle, notre coordonnatrice, arrive soudain en trombe et invite les 12 personnes faisant partie du numéro d'ouverture à aller se mettre en position avec leur instrument. Nous marchons donc, djembé dans les mains, jusqu'à la porte du garage, où nous attendons pendant de longues minutes. Par contre, en attendant, je prends plaisir à aller entendre le DJ et, ô surprise, quatre de mes amis percussionnistes, à savoir Éric, Marcel, Christian et Cheick Anta faire des solos sur des podiums en plein coeur de la foule! Wow! Avec leur visage apparaissant sur les écrans géants, l'illusion est parfaite. Je suis témoin d'un moment marquant dans l'histoire de Samajam, aucun doute.

Leur prestation se termine une dizaine de minutes plus tard, sous les applaudissements nourris de la foule. Je retourne vite en position, avec les autres, puis mes amis arrivent en trombe et je les félicite grandement de leur moment de gloire pleinement mérité. Les lumières se ferment enfin, mais ce n'est pas encore notre tour, puisque Michel Barrette prend place sur la scène pour faire rire l'auditoire avec ses anecdotes de camions et de chars, la nature du public l'obligeant ainsi.

Je suis vraiment plongé dans son histoire, lorsque la régisseure me fait sortir de mon état comateux en disant:"Samajam, c'est à vous dans 2 minutes!" OK, cette fois-ci, c'est pour de vrai!

Retour en noir

Avec nul autre que l'humoriste François Morency en tête de marche, nous formons une file pour parader tout le long de la salle en frappant avec nos baguettes. La réverbération est telle que j'ai toute la misère du monde à demeurer concentré. Certains se bousculent pour mieux voir, d'autres veulent à tout prix se faire prendre en photo avec François. Et d'autres individus pas très sobres veulent taper sur nos tambours. Ajouter à cela les déplacements à faire et les cues à ne pas manquer, tous les ingrédients sont réunis pour donner un magnifique popcorn sonore qui n'a rien à voir avec ce que nous avions répété la veille. Mais, ça ne paraît pas trop à voir la réaction de la foule.

Nous montons enfin sur la scène, et en me retournant, je renoue encore une fois avec cette très intense émotion où l'adrénaline atteint son sommet. La foule catalyse une énergie qui ne montre jamais de signes de faiblesse. C'est absolument indescriptible. Les cris, les lumières, tout y est. Mais avant de jouer, François Morency avait un mot de bienvenue à faire, dont je vous transcrit ici la partie la plus pertinente à ce qui va suivre:

Mes amis, j'ai toujours voulu jouer d'un instrument de musique dans un aréna bondé. Et ça tombe bien, ce soir, je suis entouré des meilleurs musiciens du Québec sous la direction de Luc Boivin. [Un technicien lui apporte une basse] J'inviterais maintenant la choriste de Belle et Bum à monter sur la scène. Elle est surtout spécialisée en balades. Et ce soir, nous avons décidé de vous interpréter une balade bien spéciale, Retour en Noir.

Vous avez bien deviné, il n'était pas question de jouer une balade, et ce titre vraiment kitsch en français trouve une consonance beaucoup plus rock en anglais. Au premier coup de batterie, de gigantesques flammes sortent de la scène, les lance-flammes étant synchronisés sur les punchs de la toune. L'effet est tout simplement explosif, sans jeu de mots. Jamais je n'ai eu aussi chaud! Et j'ai tellement eu de fun sur scène avec les trentaine d'autres personnes présentes que j'en oubliais presque que je jouais devant autant de gens.

J'ai à peine le temps de commencer à goûter le plaisir d'être une rockstar que la toune se termine. Les lumières s'éteignent sous une vague étourdissante de décibels. La foule est en délire, et nous aussi! Quelle incroyable sensation que de sentir toute cette énergie à l'état brut, comme du roc.

Les tubes

De retour dans la loge, c'est la folie furieuse. Tout le monde ayant assisté au numéro en tant que spectateurs sont éblouis par notre performance. Technique de scène incroyable, effets de lumières, sons des percussions, etc. Tout était impeccable. Tant mieux. Parce que sur scène, j'avais de la difficulté à me concentrer, pas de doute!

Mais, il faut rapidement refocuser, car notre performance n'est pas terminée. Nous remontons dans deux heures sur scène animer une foule de 9000 personnes. Mais, vu que le laps de temps est long, on peut profiter du spectacle. Je vais donc m'asseoir dans les gradins avec Alexandra, juste à temps pour assister au numéro complètement hilarant de Martin Matte sur sa visite à l'hôpital pour se faire vasectomiser.

On retourne au pas de course à la loge, puis nous répétons le rythme des tubes avec les danseuses invitées du spectacle. Puis le régisseur de scène nous fait signe d'aller nous mettre en place. Djembé devant moi et tube derrière, je marche tant bien que mal au même endroit que tout à l'heure, en file. Et bientôt, c'est le retour sur scène, encore une fois avec les mêmes aléas: son popcorn, mains qui touchent l'instrument, personnes qui sont un peu trop insistantes, etc. Mais une fois sur scène, nous faisons un kuku du tonnerre, et encore une fois c'est le tonnerre d'aplaudissements.

Le deuxième moment de pure folie et de pure magie arrive lorsque nous sortons les tubes. Au parterre, plus de 1000 personnes en détiennent, et six sortes de tubes différentes ont été distribuées dans la foule. Donc en moyenne, il y a 167 personnes avec le même tube. Pendant 5 petites minutes, nous bâtissons le rythme avec la foule. Nos faces sont projetées sur les écrans géants. J'ai l'honneur de commencer le bal avec mon tube, celui le plus long, donc le plus grave. Quand j'entends les 160 quelques personnes se mettre à frapper avec moi, c'est toute une sensation dans cette immense aréna. Puis peu à peu, tout le reste s'ajoute, et bientôt, la symphonie des tubes est de retour, plus puissante et plus intense qu'elle ne l'a jamais été. Rajoutez à cela le clavé que les 8000 autres spectateurs font avec leurs mains, c'est vraiment quelque chose que je ne serai pas prêt d'oublier.

Party time

Nous revenons dans la loge avec un grand sourire témoignant de notre mission accomplie sur toute la ligne. Luc Boivin entre dans la loge et on l'applaudit à tout rompre. C'est encore une fois grâce à lui si on a pu vivre autant d'émotions fortes et de moments incroyables. La bière n'a jamais été aussi bonne. Et, c'est le temps de festoyer car le Boogie Wonder Band vient de monter sur scène. Sortis tout droit des années 70, avec déguisements incroyables en payette, le Colisée se transforme en méga plancher de danse disco. On dira ce qu'on voudra de cette musique, mais il n'y a rien qui peut battre l'effervescence et le plaisir de danser sur ça. Nous sommes les premiers à aller se déchaîner devant la scène, et les caméras nous filmant en train de se déhancher font en sorte que la contagion de la danse se répand comme une traînée de poudre. Bientôt, des milliers de personnes s'entassent en avant pour mieux apprécier le spectacle.

Hélas, le temps file à la vitesse de l'éclair, et nous devons, vers les 1h du matin, plier bagage car l'autobus ne peut attendre plus longtemps. Mais, jamais un retour Québec-Montréal n'a été aussi amusant, car Michel Séguin dans le bus, tel un véritable jukebox, a chanté des dizaines et des dizaines de tounes. Et nos mains frappaient sur tout ce qui pouvaient résonner, dossiers de siège, portes des espaces à bagages, fenêtres, etc. C'est dans ces moments-là que tu privilégies le fait de connaître tout ce monde-là. Et en discutant avec Michel, ce dernier me dit: « T'imagines maintenant un peu ce que c'est que de vivre la vie de tournée, qui sait si dans quelques années on ne sera pas en train de faire la même chose en avion ou bien en bus en route pour les States ou je ne sais trop où? »

Et pourquoi pas? C'est bien permis de rêver un peu non?

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