mercredi 21 mars 2007

Un menu des Maîtres cinq services

Dimanche matin, il fait encore nuit quand je sors de mon lit à 6h30. Silence total. Probablement le seul qui va régner en maître aujourd'hui, car je déjeune illico, prends ma douche, m'habille et je sors prendre le bus/métro jusqu'à Samajam, où a lieu la grande Journée des Maîtres organisée par Luc Boivin et Louis. Un menu cinq services tout compris de première classe. J'arrive donc à l'école le sourire aux lèvres et très enthousiaste de pouvoir vivre une telle journée qui est toujours un moment marquant entre deux saisons de percussions, où on côtoie des as du monde du tambour. Et aujourd'hui ne fera pas exception. Juste me rappeler de la dernière JdM et je suis encore plus impatient de commencer.

L'amuse-gueule: le workout dynamique

La journée commence en lion avec une séance de méditation dynamique à la sauce Samajam menée par Catherine Dajczman. C'est la deuxième fois que je fais l'exercice, et bon dieu, j'avais oublié à quel point ça allume le corps et l'esprit. Toute la journée je suis été sur le 220V sans ressentir la moindre once de fatigue. C'est à la fois déstabilisant et très très défoulant, ça il n'y en a aucun doute. Divisé en cinq phases et provenant de la tradition indienne adaptée au monde occidental, la séance est vécue collectivement, en l'occurence une trentaine de personnes. Je ne peux pas vraiment vous en dire plus, car c'est un peu l'élément de surprise qui vient frapper à la figure et qui fait en sorte que le workout fonctionne vraiment sur notre personne. Mais, je vous garantis que je ne suis pas adepte de méditation, sauf que je ne peux que me soumettre au constat suivant: ça marche en *BIP*!!

L'entrée: le djansa de Mélissa Lavergne

Après le workout, les gens arrivent dans la grande salle, et bientôt, je me retrouve au devant de la scène comme d'habitude pour amorcer avec Nicolas et Éric un échauffement de yankadi du tonnerre. La salle est remplie d'une énergie palpable, rafraîchissante, comme une bouffée d'air chaud dans les dernières froideurs de l'hiver. Catherine arrive au devant de la scène avec son éternel sourire, puis elle fait changer le tempo de la sensualité du yankadi au guerrier rabodae où la vitesse prend de l'ampleur. Ce jam de début de journée se termine dans une apothéose de sons et de cris, juste à temps pour que la belle Mélissa Lavergne prenne place sur la scène, et c'est parti pour de la musique toute la journée!

Dans la salle, en plus des djembés, une bonne quinzaine de gros douns reposent sur leur chaise prêts à être utilisés. Je m'installe donc derrière un kenkeni, et Mélissa commence son cours en expliquant que nous allons tenter dans la prochaine heure d'apprendre le djansa, rythme joué lors des grandes célébrations en Afrique. En l'espace de quelques minutes, toute l'assemblée se trouve à jammer sur ce rythme, tellement Mélissa a le tour de bien enseigner les rythmes. Elle-même semble impressionnée de toute la facilité avec laquelle elle réussit à transmettre ses informations. Les douns soutiennent le beat presqu'à la perfection tandis que les frappes de djembés se couchent sur ce lit de sonorités graves et mécaniques. On en aurait voulu pour encore deux heures, mais le temps file comme l'éclair, et c'est déjà rendu le temps de dîner!

Le repas: le Body Perc avec Sandi Silva et Luc Boivin

Après le dîner, le premier vrai plat de résistance de la journée fut la rencontre archi intéressante et archi créatrice avec la maître danseuse Sandi Silva, experte du monde de la percussion corporelle. Elle joue des rythmes traditionnels de plein de pays différents sur son corps, en frappant les pieds au sol, ou bien en frappant les mains sur une des multiples "patches" qui recouvre son corps. Son habillement est assez particulier à première vue, étant couverte de patches de cuir de la tête aux pieds, mais on comprend vite pourquoi lorsqu'on la voit se tortiller le corps en mitraillant nos oreilles de milles et unes sonorités différentes. Un petit bout de femme dotée d'un immense talent rythmique, qui a dansé avec la Bottine Souriante et maintenant elle fait partie de la troupe de danseuses du Cirque du Soleil.

Sandi Silva nous a fait apprendre comment jouer de la musique avec son corps. En répétant les séquences de "chest" pour frapper la poitrine, "step" pour frapper le pied au sol, "down" pour se frapper la cuisse et "tap" pour frapper le tambour, nous avons réappris à jouer le yankadi avec son corps. Un moment très amusant et très surprenant aussi, puisque le rythme revêt à présent une nouvelle couleur, une nouvelle signification, avec tout ce beau monde qui danse et joue avec un tout nouvel instrument: le corps humain. L'heure a passé en une minute malheureusement, j'en aurais pris encore, une très très belle découverte.

L'entre-deux: les rythmes orientaux de Lynda Thalie

Peu de temps après, nous avons fait un volte-face pour virer dans un autre monde complètement, celui du désert chaud et sec de l'Algérie et du Maghreb, avec la jolie chanteuse Lynda Thalie. Avec notre maître de cérémonie Luc Boivin, nous avons appris les enchaînements rythmiques de deux pièces de son répertoire, et elle est venue chanter live ses chansons que nous avons pratiquées avec ardeur.

Par ailleurs, j'ai été complètement obnubilé, tout comme les autres d'ailleurs, du talent incroyable de Berthil, le percussionniste de Lynda. Il nous a fait une démonstration incroyable des tablas, les tambours indiens qui se jouent avec les doigts. Un des instruments les plus complexes à jouer en percussions et pour cause. Pendant qu'une main pianote sur le tambour, l'autre fait la pulsation de base en frappant à un rythme régulier, ce qui a l'air de provoquer une très belle gymnastique cérébrale. Son montage d'instruments est vraiment impressionnant. il dispose une grosse caisse, un djembé, un darbouka, un doumbek, des cymbales, des bongos et des tablas tout autour de lui, et pendant les pièces musicales il s'amuse à passer d'un à l'autre avec une telle vitesse et une telle précision qu'on en vient à se demander s'il n'a pas 4 bras. Le clou du moment: le jam improvisé entre les musiciens de la belle chanteuse et Cheick Anta au djembé, métissage exquis de deux courants musicaux, de deux pays, mais qui partage le même continent.

J'adore la musique maghrébine. Comme le dit si bien Lynda Thalie, la musique du Maghreb rend hommage aux chevaliers de l'époque, car on entend toujours les chevaux qui galopent dans la musique.

Le dessert exquis: le jam rave d'Alain Vinet

En entrant au local le matin, la première chose qui frappait aux yeux est l'énorme système de son qui trône de chaque côté de la scène. Deux immenses colonnes d'hauts-parleurs pouvant cracher 4000 watts de son. Totalement capoté. Et tout cet attirail appartient à un des créateurs musicaux les plus importants de la planète, qui nous faisait l'honneur de venir faire la fête avec nous pendant 2 heures. Et cet artiste est nul autre qu'Alain Vinet, le directeur musical du Cirque du Soleil, instigateur des albums Allegria et Love entre autres.

L'homme en question n'a pourtant rien de l'extravagance des artistes. Arrivé avec sa casquette et bière à la main, il n'a presque pas dit un mot de la rencontre, pour lui, tout se dit en musique. Il s'est installé derrières ses platines ultra high tech, et Mathieu, musicien de Luc, s'est installé derrière le micro et a commencé à faire du beatbox ou de la percussion avec sa bouche. La bougie d'allumage a fait sauté la barraque, c'est le cas de le dire. Quel moment de party incroyable. Ne manquait plus que les black lights, la boucane et la noirceur pour avoir un rave dans tous les sens du terme.

Ayant commencé à jouer au surdò brésilien, j'ai vite délaissé cela pour quelque chose de plus africain. Et quoi de mieux que de me jumeler avec mon pote Éric avec tous les douns qu'on pouvait trouver! Nous les avons monté sur des chaises, puis chacun a monté sur la sienne, donc pendant une heure et demie nous avons joué sans arrêt sur notre chaise dans les airs avec trois douns sur les beats carabinés qui sortaient des 4000 watts de puissance des haut-parleurs. Quelle énergie que de voir une centaine de personnes crier, danser, jouer de la percussion! Et sur scène, les musiciens n'étaient pas en reste, avec Luc Boivin le sourire fendu jusqu'aux oreilles, lui qui la veille venait de faire sa 100ième de Belle et Bum, et qui maintenant se paye un trip du tonnerre avec un des artistes les plus importants du Québec. Et Cheick Anta était comme un enfant lâché lousse dans un parc d'attractions, lui qui n'avait jamais vécu pareil mélange de percussions et de musique électronique. Définitivement un des plus grands trip de gang de ma vie, depuis que je suis à Samajam, et de loin la meilleure journée musicale!

J'en suis quitte, encore quelques jours plus tard, avec des muscles endoloris, des ampoules plein les mains, mais la tête et le coeur débordant de joie de vivre.

Derniers articles parus

Template developed by Confluent Forms LLC; more resources at BlogXpertise